Peut-on faire l’amour avec un robot ?

Dans le livre Les robots font-ils l’amour ?, paru aux éditions Dunod, Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier abordent la question des robots et du transhumanisme de manière décomplexée. Alors, peut-on faire l’amour avec un robot ?

La question de la relation Homme-robot est récemment revenue sur le devant de la scène avec la diffusion aux États-Unis de la série Westworld, une science-fiction aux airs de western qui plonge le téléspectateur dans l’univers d’un parc d’attraction futuriste peuplé d’androïdes ultra-réalistes. Dans leur livre Les robots font-ils l’amour ?, paru aux éditions Dunod, Laurent Alexandre, médecin et entrepreneur, et Jean-Michel Besnier, philosophe spécialiste des nouvelles technologies, abordent justement cette fascinante question des robots et du transhumanisme.
L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’Homme ? Est-il désirable de vivre 1.000 ans ? Quels sont nos sentiments pour les robots ? Demain, serons-nous tous cyborgs ? Autant de questions posées dans l’ouvrage.

Le livre Les robots font-ils l'amour ? est paru aux éditions Dunod. © Dunod
Le livre Les robots font-ils l’amour ? est paru aux éditions Dunod. © Dunod

Le cybersexe et la cybersexualité
Le texte qui suit est extrait du chapitre « Peut-on faire l’amour avec un robot ? »
Jean-Michel Besnier : La question de savoir si la sexualité avec les robots est possible appelle naturellement une réponse positive. À la rigueur, la sexualité est possible avec n’importe quel moyen qui permettra l’extinction de la tension résultant de zones érogènes (de toutes les zones érogènes dont l’organisme est support : muqueuses génitales, intestinales, anales…).
L’humain peut donc faire sexe de tout bois – et, a fortiori, exploiter la mécanique du robot. Pourquoi faire particulièrement cas de la cybersexualité ? Parce qu’elle améliore le service rendu par les poupées gonflables ? Pour une grande part, mais ce n’est pas suffisant.

Qu’est-ce que le transhumanisme ? Les auteurs du livre Les robots font-ils l’amour ? nous l’expliquent. © Dunod, via YouTube
Laurent Alexandre : Dans une vie, beaucoup d’êtres humains ont plus de relations onaniques que de rapports sexuels avec un tiers ! Pour ceux-là, l’amour robotisé couplé avec la relation virtuelle sera un plus par rapport à la simple masturbation. Pour que le robotsexe se généralise, il faudra qu’il devienne intelligent, ce qui va prendre plusieurs décennies. Sinon, il s’agira seulement d’un sextoy sophistiqué.
Jean-Michel : Même quand il n’est pas androïde, le robot n’est pas une machine comme une autre. Il est mobile et donne l’impression d’une autonomie. À ce titre, il éveille des illusions animistes. On a l’impression qu’il dessine un point de vue sur le monde et qu’à cet égard, il peut entrer en dialogue avec nous. Au moins autant – mais davantage quand il a forme humaine – qu’un animal domestique avec lequel on s’exprime et on s’explique aussi. Le robot est donc quasiment un animal comme les autres, et donc un être fort proche de nous, qui sommes réputés être également « des animaux comme les autres ». En tant qu’être admissible dans le dialogue, il n’y a pas de raison qu’il ne puisse pas intervenir dans la sexualité – comme les animaux eux-mêmes. S’il est doté des commodités fonctionnelles qui lui permettent d’accueillir et de soulager l’excitation pulsionnelle, il devient un partenaire sexuel idéal.

Jia Jia est une humanoïde au réalisme saisissant. © Xinhua, Barcroft Media
Jia Jia est une humanoïde au réalisme saisissant. © Xinhua, Barcroft Media

Et c’est bien ce que l’on entend dire parfois : le robot remplacera fort bien le partenaire qui peut toujours se refuser (ah la migraine ! Pas ce soir, chéri !), qui n’accepte pas toutes les attentes et qu’intimide souvent l’expression de la jouissance. On pourra donc se payer le luxe d’une machine à dispenser éventuellement les mots de l’amour (comme dans le film Her de Spike Jonze, sorti en 2013), de l’abandon et de la fantaisie – et ce, sans la culpabilisation qui peut atténuer le plaisir chez le pervers lui-même. La sexualité, promue depuis longtemps objet de consommation et sujette au marketing entretenue par la pornographie, obtiendra son débouché le plus intarissable, dans un contexte où, déjà, la libido interhumaine s’essouffle, comme le constatent les addictologues qui cherchent à résoudre les effets de la fréquentation compulsive des sites pornos chez les jeunes.
Laurent : Tu as raison d’évoquer Her. Le vrai cybersexe passe par le croisement de la robotique, de l’intelligence artificielle, des neurosciences et de la réalité virtuelle comme le casque Oculus de Facebook (qui permet de voir une réalité virtuelle comme si elle était réelle). Dans quelques décennies, il sera possible de tomber amoureux d’un robot comme dans le film Her.
Découvrez le livre Les robots font-ils l’amour ? pour en savoir plus sur les robots et le transhumanisme.

transhumanisme.

Playlist : tout savoir sur le transhumanisme, la robotique et l’intelligence artificielle Jean-Claude Heudin, directeur de l’IIM (institut de l’Internet et du multimédia) nous parle de sa vision du transhumanisme, du futur de l’intelligence artificielle et des robots durant cette série d’interviews réunies sous forme de playlist.

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Le Transhumanisme. Faut-il avoir peur de l’avenir ?

JOUSSET-COUTURIER Béatrice , « Le Transhumanisme. Faut-il avoir peur de l’avenir ? », Eyrolles, 2016.

Présentation du livre de JOUSSET-COUTURIER Béatrice , « Le Transhumanisme. Faut-il avoir peur de l’avenir ? », Eyrolles, 2016.

Ce bref ouvrage, préfacé par Luc Ferry, se veut une introduction à la question transhumaniste, en forme de balayage de son histoire, de ses courants, des questions philosophiques et prospectives soulevées, et des oppositions suscitées. Contrairement à de nombreux ouvrages directement ou indirectement consacrés au sujet, il ne s’agit donc pas d’un livre à thèse, pro ou contra, ni d’une étude centrée sur un aspect particulier (la mort, l’eugénisme ou encore la robotisation).

Il occupe donc une place encore largement vacante, notamment pour le grand public, à qui l’auteur s’adresse (dans un style parfois exagérément infantilisant). Il s’expose de la sorte au risque de dire trop vite sur beaucoup. Ces ornières sont d’abord évitées dans la présentation synoptique qui est faite, dans la première des trois parties, des définitions historiques et conceptuelles du courant transhumaniste, compris globalement comme « mouvement philosophique et scientifique qui veut utiliser tous les moyens […] pour améliorer l’espèce humaine […] et en finalité faire naître le posthumanisme » (p. 11). Les éclairages historiques sur la genèse du mouvement de pensée seront utiles à ceux qui ne se penchent sur la question transhumaniste qu’à l’aune de l’actualité et des enjeux des NBIC (technologies nano, bio, de l’information et cognitives).

JOUSSET-COUTURIER Béatrice , « Le Transhumanisme. Faut-il avoir peur de l’avenir ? », Eyrolles, 2016.
JOUSSET-COUTURIER Béatrice , « Le Transhumanisme. Faut-il avoir peur de l’avenir ? », Eyrolles, 2016.

Selon ce point de départ, la généalogie aboutit naturellement à accorder une place de choix à la doctrine de la Singularité popularisée par Ray Kurzweil, qui est bien entendu l’un des auteurs les plus cités, aux côtés de Laurent Alexandre et Pierre Teilhard de Chardin. Point essentiel de la propédeutique à l’étude du transhumanisme, la notion de « singularité » fait l’objet d’une présentation très rapide (sept pages), peut-être insuffisamment clarifiée conceptuellement (l’introduction des définitions courante, cosmologique et topologique du terme, non exploitées, n’y aide pas). L’articulation de la loi de Moore avec l’idée d’un basculement vers une intelligence dominante « non anthropomorphique », p. 59) n’est pas véritablement analysée ni explicitée. La définition reste suspendue, par le jeu d’une accumulation de citations peu commentées, entre l’idée d’un point de bascule et celui d’une future ère posthumaine à envisager (mais qui, par définition, échappe aux schémas prédictifs traditionnels).

Les discussions épistémologiques autour de la « loi de Moore » elle-même, ne sont pas abordées du tout, ce qui laisse le lecteur aux prises avec l’idée inexacte que le caractère exponentiel des capacités computationnelles et de stockage de l’information, recélerait la perspective mécanique d’un changement d’ère technologique et humaine [1]. Enfin, l’absence d’explication sur le caractère ambigu du statut épistémique de la loi en question (qui n’est ni une conjecture mathématique, ni une variété de constante physique), et l’identification à sa version vulgarisée dont l’obsolescence pourrait être proche, n’en facilite pas l’appréhension.

Le début de la deuxième partie, consacrée à la pensée transhumaniste, confirme ces réserves en brossant une histoire à gros traits des rapports entretenus par l’humanité entre science, économie et pouvoir depuis le Néandertal. Ce passage est librement inspiré de la Brève histoire de l’avenir de Jacques Attali [2], qui n’évite pas les raccourcis historiques et philosophiques coutumiers de ce dernier, et tend à en ajouter. Cette partie aurait sans doute gagné à être une histoire des limites symboliques et techniques de l’humanité pensées comme telles, pour mieux s’articuler avec les chapitres suivants, consacrés aux critiques du transhumanisme et aux débats d’actualité le traversant vis-à-vis du politique et du religieux.

Ces pages, plus claires et informées, donnent la parole à une quantité appréciable de points de vue, notamment ceux de Jacques Ellul et Jean-Claude Guillebaud, et exposent sans atténuations leurs critiques de la technique comme sphère autonome, et du rejet du corps humain comme rejet de l’humanité avec sa finitude. De façon générale, les grandes questions éthiques et démocratiques et les confrontations avec les religions de la question de la « mort de la mort » sont efficacement introduites et prennent soin de laisser chacun libre de la poursuite de son opinion. Le débat entre Jürgen Habermas et Peter Sloterdijk est utilement convoqué. L’auteur apporte un constat lucide sur la pression présente et future de la norme sociale (p. 92), à l’exemple du rapport ambivalent de nos sociétés à l’eugénisme (p. 96, 156). Elle ne résout pas en revanche la contradiction du caractère intrinsèquement neutre ou porteur de valeurs d’une technologie donnée, penchant tantôt pour une hypothèse (p. 117), tantôt pour l’autre (p. 148).

On regrettera qu’il manque à ce tour d’horizon les réflexions importantes de Dominique Lecourt [3] (et sa défense d’un eugénisme humaniste notamment), Alain Supiot [4] (pour l’indispensable anthropologie des limites de l’humain et la critique du technoscientisme) ou Lucien Sfez [5] (pour la critique des valeurs implicites de « l’utopie » transhumaniste).

Il s’agit en définitive d’un livre qui a le mérite de la nouveauté en son genre, mais dont la démarche synoptique ne servira aux demandeurs d’une introduction au sujet qu’à condition d’enrichir leur lecture par l’approfondissement de certaines définitions, et des investigations complémentaires. À défaut d’offrir des outils consistants pour une réflexion prospective (sur l’économie ou le droit des technologies futures notamment), il représentera une porte d’entrée au courant d’idées pour un large public.

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